L’amour fantôme
Maissa Boutiche
Je suis le chant du vent qui berce
mon désir en rade et la rosée sur les roses des champs
à l’aube qui enfante des poèmes d’amour,
ainsi que le roucoulement des pigeons sur la margelle
des fenêtres des cœurs des amoureux qui attendent
leurs aimés, quand tombe le désir dans les bras
vides de la nuit dû à l’absence et le crépuscule geôlier.
Quand sur mes montagnes rondes mes sentiments
errent avec ce cœur qui s’abreuve du verre de la tristesse
et du vide harceleur à longueur des mois et des années.
À l’écho de son pas, je défaits mes tresses,
qui s’étalent sur mes épaules dociles et
de mes mains tremblantes, je prends
ma tête entre les mains, je sens le vertige
à son approche me gagner.
J’avoue au son de ses pas qui avancent
l’absence qui joue à cache, cache avec mon
désir, frémissent mes lèvres de l’amour inassouvies.
Il me rejoint telle une ombre, m’enveloppe de ses bras
fantômes, je sens son parfum et sa sueur,
Je tremble telle une feuille assoiffée à
leurs odeurs entremêlées.
Sur la colline du vide, il devient une étoile qui brille
du feu de l’amour qui brûle les rondeurs de ma colline,
qui de son amour pas encore, esseulée.
Comme une ombre je chante en pleurant
avec la flûte du vent, mon corps frémisse
à son souffle, sa main se pose sur mes mèches
ondulées qui dansent avides à son arrivée.
Le cri de ma voix m’étouffe :
le hèle :
-Viens tu me manques tant, mais il meurt en ma gorge
sans prononcer un mot et se tue en silence.
L’étoile a disparue et le vent a cessé de chanter,
l’ombre de l’amour attendue a quitté mes montagnes
sans les étreindre, figées les roses de mes prairies fleuries,
sans être de leur soif désaltérées .
Et je deviens cette musique qui chante dans le vide,
qui essaye d’envoûter le silence, mais, peine perdue.
Maissa Boutiche, Ain Bénian, Algérie